Dieppe, ma prison: récit de guerre de Jacques Nadeau
Dieppe, ma prison: récit de guerre de Jacques Nadeau
Les livres sur Dieppe sont légion, mais en voici un qui devrait intéresser le grand public. Ce n'est évidemment pas le seul ouvrage souvenir - Lucien Dumais vient tout de suite à l'esprit - mais c'est l'un des mieux tournés. Le témoin n'est pas le seul auteur~ et c'est tant mieux, car si Martin Chaput n'est pas un grand écrivain, il a le sens du récit.
Le récit de l'enrôlement (volontaire refusé en 1939, accepté en 1940), de l'entraînement, du débarquement, des combats, environ la moitié du livre, correspond à trois années de guerre. La captivité occupe les trois autres, car, contrairement à Dumais, et malgré trois tentatives, monsieur Nadeau n'est pas parvenu à s'évader. L'ouvrage est donc équilibré, mais ce qui en fait un document précieux, c'est que ce travail ne s'appuie pas uniquement sur la mémoire du témoin, fort bonne, mais également sur une collection de souvenirs accumulés par messieurs Nadeau et Chaput. Les plus intéressants figurent d'ailleurs en fac-similés du cahier photo (mais les plans de stalags sont trop petits).
L'intérêt du livre est bien souligné par la préfacière. Béatrice Richard met en contexte la vie d'un volontaire ainsi que l'affaire de Dieppe, notamment en insistant sur la pression de l'opinion publique et des soldats eux-mêmes pour que des troupes canadiennes soient engagées au combat aussitôt que possible. Richard souligne aussi la concordance du témoignage de J. Nadeau avec d'autres témoignages, qu'elle connaît bien, puisqu'elle est une spécialiste de Dieppe.
Grâce aux efforts du trio, un petit livre qui dépasse l'anecdote. Un meilleur livre de souvenirs sur Dieppe que celui de Dumais, où les ficelles littéraires sont trop apparentes.
Yves Tremblay, Bulletin d'histoire politique, vol. 17, no 2, hiver 2009.