Nationalismes et société au Québec
Nationalismes et société au Québec
Avec un regard posé tant sur l'histoire québécoise que sur son inscription dans le contexte canadien, Raphaël Canet propose dans cet ouvrage trois temps du nationalisme québécois: le canadien, issu d'un sentiment national visant la gouverne politique par une élite issue de la bourgeoisie professionnelle, le canadien français, visant la survivance d'une culture dans un espace géopolitique contrôlé par une minorité qui lui est étrangère, et le québécois, qui vise l'émancipation d'un groupe au sein d'un espace où il est majoritaire, le Québec. Si les versions contemporaines de ce nationalisme (Beauchemin, Bouchard, Seymour, Bourque et Duchastel) diffèrent quant à leurs fondements, Canet soutient que c'est dans le projet collectif d'affirmation politique qu'ils se rencontrent. C'est donc sur ce terrain que devraient être abordés les défis actuels du nationalisme – dont la crise de légitimité des institutions étatiques et le pluralisme croissant des sociétés.
L'auteur trace, dans ce livre, l'évolution de nos nationalismes. En présentant la succession des faits marquants de l'histoire, il s'attarde surtout aux contextes institutionnel et économique dans lesquels ils se produisaient. Le portrait habituel, trop souvent restreint soit à la dimension culturelle soit à la dimension géopolitique, se trouve ici élargi par des données démographiques, sociales, littéraires et comparatives qui enrichissent la perspective sur la mouvance historique nationaliste. En situant les grandes luttes nationalistes sur ce terrain, Canet offre, à qui veut rapidement comprendre, des pistes quant aux motivations et intentions des acteurs individuels et institutionnels qui ont fait cette histoire. Le spécialiste y trouvera une lecture plutôt traditionnelle des débats, notamment sur le fondement essentialiste ou culturel, sur la vision inclusive ou exclusive des discours nationalistes contemporains. Canet ne cherche toutefois pas ici à se prononcer: il vise à offrir une analyse sociohistorique sommaire de leur genèse.
Avec des thèmes découpés en plusieurs sous-thèmes, de nombreuses cartes, schémas, tableaux et glossaire, ce livre peut tout autant servir de référence ponctuelle sur des questions spécifiques, qu'il peut être lu d'une couverture à l'autre. En effet, l'information principale présentée dans le corps du texte se trouve précisée et enrichie par les nombreuses vignettes présentant les concepts utilisés, les acteurs clés, des extraits de textes d'époque et de savants qui les ont étudiés. Ce procédé permettra au néophyte de s'initier efficacement à la réalité québécoise et à l'histoire qui l'a nourrie.
Caroline Sauriol, Relations, no 714, février 2007.