Volontaires: des Québécois en guerre (1939-1945)
Volontaires: des Québécois en guerre (1939-1945)
Yves Tremblay, dans Volontaires, pose des questions semblables au sujet des expériences des Québécois entre 1939 et 1945. La source principale pour cette étude est une série d’interviews (menées par Patrick Capolupo) avec dix-neuf anciens combattants en 1995. Tremblay, comme Morton, et comme les dix-neuf anciens combattants interviewé, regrette que ‘l’expérience combattante’ n’est pas mieux connu au Québec.
Tremblay réussit bien à mettre les commentaires des anciens combattants dans le contexte de l’époque. De plus, avec les références aux statistiques pertinentes, il démontre à quel point les expériences des dix-neuf individus sont représentatives des milliers d’autres. Le résultat est un autre livre instructif (avec une bonne liste des sources, des extraits des livres d’entraînement et des photos bien décrites) et fascinant à lire.
Deux éléments sont frappants dans ces études excellent de Morton et Tremblay. D’abord, c’est à quel point les expériences de guerre des individus, séparées par seulement deux décennies, sont différentes, surtout à cause des équipements et les progrès technologiques. Deuxièmement, c’est à quel point les expériences se ressemblent; plus on connaît les sacrifices et les accomplissements de tous ces héros, plus il est difficile de dire que leurs expériences ne méritent pas d’être mieux connu par tous.
John MacFarlane, Cap-aux-Diamants, 2007.
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Les rapports que les Québécois d'aujourd'hui entretiennent avec la guerre demeurent encore souvent ambigus. L'évocation de la guerre renvoie surtout aux deux conflits mondiaux du XXe siècle et à la farouche opposition qu'ont manifestée les Canadiens français à l'endroit de la conscription, faisant d'eux d'ardents adversaires à toute participation aux guerres. Cette étude réalisée par Yves Tremblay vise à nuancer quelque peu cette assertion. Elle s'appuie sur le contenu des interviews effectuées en 1995 par Patrick Capolipo auprès de 19 anciens combattants canadiens-français qui se sont enrôlés volontairement lors de la Deuxième Guerre mondiale pour aller servir outre-mer. Ces témoins ont été amenés à préciser leurs motivations, à évaluer leur préparation militaire, à partager leur expérience du combat et leur rapport à l'ennemi, à qualifier la nature de leur réintégration à la vie civile et à évaluer le niveau de reconnaissance témoignée par la société canadienne depuis.
La grande majorité des combattants interrogés se sont enrôlés pour vivre l'aventure de la guerre, apprendre un métier ou pouvoir compter sur de bonnes soldes. Peu font le geste par sentiment patriotique. Étant majoritairement bilingues, ils ont pu facilement s'intégrer dans une institution essentiellement anglophone. Issus pour la plupart de famille ayant une tradition militaire, ces combattants avouent paradoxalement avoir essuyé de fortes critiques de la part de leurs proches qui jugeaient leur enrôlement insensé. Tous déplorent les faiblesses sérieuses dans la préparation militaire, tant au Canada qu'en Angleterre, et l'incompétence de nombreux officiers. Ils soulignent la supériorité militaire des Allemands, qui, contrairement aux Canadiens, ont pu, par ailleurs, compter sur un appui indéfectible de leurs concitoyens. Leur retour à la vie civile se fait sans trop de difficulté, mais tous sont unanimes à déplorer la faiblesse de la mémoire collective à propos de leur contribution à cette guerre.
L'analyse et la mise en contexte des témoignages offrent une vision nuancée de l'interprétation traditionnelle associant le Canada français à un bloc homogène contre la conscription. Malgré la faiblesse de l'échantillonnage et des lacunes méthodologiques, cette étude présente un intérêt dans la mesure oÙ elle va au-delà de l'histoire militaire traditionnelle en explorant les dimensions socioculturelles de la guerre et en mettant en perspective les expériences personnelles des militaires. Ce faisant, elle contribue à aborder la guerre non pas exclusivement du point de vue de ceux qui la conduisent mais aussi du point de vue de ceux qui y combattent.
Jean Lamarre. Département d'histoire. Collège militaire royal du Canada. RHAF, 2007.
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Avec son étude intitulée Volontaires, l'historien Yves Tremblay contribue à donner la parole à des Québécois qui s'enrôlèrent comme volontaires dans l'armée canadienne pour contribuer à la Deuxième Guerre mondiale de 1939-1945. Il exploite pour cela les résultats d'une enquête menée en 1995 par la Direction Histoire et patrimoine du ministère de la Défense à Ottawa auprès notamment d'anciens combattants québécois de la Seconde Guerre mondiale. L'intérêt de cet ouvrage est que l'historien ne se contente pas de compiler des témoignages ou de rendre simplement compte des souvenirs de guerre des dix-neuf anciens combattants qui composent son échantillon (le Régiment de Maisonneuve y est particulièrement représenté), mais il les exploite, les confronte, et les croise les uns avec les autres par le biais d'une grille d'analyse pertinente permettant de mettre en lumière et d'interpréter les éléments rapportés par chacun des témoignages. L'historien veille ainsi systématiquement à remettre dans leur contexte et à aborder de manière critique chaque souvenir,
Volontaires s'attache ainsi à comprendre à travers ses différents chapitres les motivations, l'expérience du feu et les séquelles de la guerre sur les témoins qui à l'époque étaient pour la plupart de jeunes hommes. Les questions de l'entraînement de la vie au front, de la peur, du rapport à l'ennemi, ou de la mort sont mises en lumière par l'historien via les témoignages des anciens combattants, offrant dès lors l'opportunité d'aborder sous un angle humain ou à hauteur d'homme l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Le principal but de cette étude est d'aller à l'encontre de la mémoire collective québécoise qui tend à oublier la place de Québécois dans la guerre de 1939-1945. Pour ce faire, l'historien Yves Tremblay propose un travail historique dont la source est la mémoire des acteurs de l'Histoire: les Québécois qui participèrent à la Seconde Guerre mondiale. À propos de ce problème du rapport entre histoire et mémoire, les deux derniers chapitres de l'ouvrage sont particulièrement intéressants pour à rendre compte de ce sentiment des anciens combattants interrogés, d'avoir été oubliés par une société québécoise qui préférait définir son expérience de la Deuxième Guerre mondiale par l'opposition à la conscription. Volontaires apparaît donc comme un outil supplémentaire à ce travail des historiens québécois qui, depuis un peu plus d'une décennie, tend à rendre compte de la place des Québécois dans les conflits contemporains. Par son étude, l'historien Yves Tremblay nous invite à sortir de l'ombre et à (re)découvrir ces Québécois qui combattirent en Europe en 1939-1945.
Mourad Djebabla, Bulletin d'histoire politique, vol. 15, no 3, 2007.